FORGOTTEN SILVER
Titre original "Forgotten Silver"
Documenteur, Nouvelle-Zélande, 1996, 54 mn

Réalisation

Peter Jackson et Costa Botes

Scénario

Peter Jackson et Costa Botes

Photographie

Alun Bollinger et Gerry Vasbenter

Montage

Eric de Beus et Michael Horton

Son

Ken Saville

Musique originale

David Donaldson, Steve Roche et Janet Roddick

Distribution

Louise Rosner, Brad Jenkel

Production

Sue Rogers

Distribution

Mondo films

Procédé son

Dolby SRD

Avec

Jeffrey Thomas

Narrateur

Richard Shirtcliffe

Brooke MacKenzie

John O'Shea Johnny Morris

Dans leur propre rôle :

Sam Neill (Comédien)
Leonard Maltin (Critique de cinéma)
Harvey Weinstein (Président de Miramax)
Hannah McKenzie Lindsay Shelton
Marguerite Hurst Peter Jackson Costa Botes

 

HISTOIRE

Suite à sa découverte stupéfiante d'une série de bobines de films datant des tout débuts du cinéma, le réalisateur néo-zélandais Peter Jackson s'engage dans un minutieux travail de recherches qui le ménent sur la piste d'un pionnier du septiéme art, son compatriote Colin McKenzie. Rassemblant de nombreux documents d'archives et obtenant le soutien de personnalités telles que l'acteur Sam Neill ou le producteur américain Harvey Weinstein, Peter Jackson réhabilite l'une des figures majeures du cinéma mondial, injustement oubliée par l'Histoire. Mais doit-on vraiment s'y fier ?

 

L'INTENTION

A l'instar de Jane Campion, Peter Jackson est l'un des rares cinéastes néo-zélandais à franchir les frontières. Il obtient de tourner ses productions américaines (Fantômes contre Fantômes 1996, Le Seigneur des Anneaux 2000) en Nouvelle Zélande avec ses collaborateurs habituels. C'est dans cet esprit qu'il décide en 1996 de fournir ses lettres de noblesses au septiéme art néo-zélandais en inventant une figure héroïque du cinéma national en la personne de Colin McKenzie. Il conçoit un faux documentaire télévisé sur ce dernier qui abuse plus de 400 000 téléspectateurs.

Tout en cherchant, avec humour, à inscrire la Nouvelle Zélande dans l'histoire du cinéma mondial, "Forgotten Silver" veut aussi être considéré comme un canular. Peter Jackson séme délibérément son "documentaire" d'indices qui trahissent la supercherie: essais caméra réalisés dans la basse-cour, séquence de kung-fu sonore, anachronismes et gags attestant la bonne foi du cinéaste.

 

ELABORATION

Le spectateur voit le cinéaste néo-zélandais mener ses recherches sur le terrain, recourir aux coupures de presse de l'époque, aux documents d'archives et aux témoignages de proches de Colin McKenzie pour accréditer son propos. Il va jusqu'à tourner les extraits de films muets que le génial cinéaste néo-zélandais est censé avoir réalisés.

Peter Jackson s'amuse à glisser dans le film quelques notes d'humour décalé : personnages exagérément typés du producteur américain Rex Solomon, membres du parti communiste néo-zélandais, mafieux, fréres Palermo, mésaventures invraisemblables de Colin McKenzie.

 

ACTEURS

Sam Neill ("Plenty" 1985, "Un cri dans la nuit" 1988) est l'un des comédiens néo-zélandais les plus célébres. Il travaille aux Etats-Unis à partir des années 1980 et figure notamment au générique de "Jurassic Park" (1993). Pour autant, il ne perd jamais de vue ses origines et tourne "La Leçon de piano" (1993) de sa compatriote Jane Campion. Metteur en scéne occasionnel, Sam Neill signe un documentaire remarqué sur l'industrie cinématographique néo-zélandaise, "Cinema of Unease : A Personal Journey by Sam Neill" (1995). Il apparaît dans "Forgotten Silver" par amitié pour Peter Jackson.

Historien, critique de cinéma, Leonard Maltin signe de nombreuses éditoriaux dans plusieurs journaux et magazines comme "Variety" et anime une chronique chaque semaine à la télévision. Président du syndicat de la critique cinématographique de Los Angeles depuis 1995, il édite chaque année "Leonard Maltin's Movie and Video Guide" qui fait autorité auprès des professionnels.

Harvey Weinstein fonde la société Miramax en 1979 et se spécialise dans la production indépendante de films d'auteur au sein de l'industrie américaine (Pulp Fiction 1994, Scream 1996 et Holy Smoke 1999). Réputé pour ses qualités de négociateur intraitable et de cinéphile invétéré, Harvey Weinstein apparaît pour la première fois dans un film, avec "Forgotten Silver", où ses propos étayent la thèse de Peter Jackson.

 

COLLABORATEURS

Peter Jackson obtient la complicité de la principale chaîne de télévision néo-zélandaise TV1, des Archives du Film de Nouvelle Zélande (NZFA) et de la New Zeland Film Commission. Lorsque la supercherie est révélée au grand public, plusieurs téléspectateurs s'offusquent que l'argent public ait été utilisé pour monter un canular et les manipuler.

 

OBSERVATIONS

Depuis "Citizen Kane" d'Orson Welles, les cinéastes anglo-saxons utilisent réguliérement le documentaire pour accréditer une thèse ou un récit de pure invention. Fausse bobine d'actualités de "Citizen Kane" qui voit le magnat de la presse aux côtés de figures historiques, images d'archives pour "Zelig" de Woody Allen qui manipule les faits en entremêlant réalité et fiction. Woody Allen récidive avec "Accords et Désaccords" qui retrace la biographie imaginaire du guitariste de jazz Emmet Ray. "Forgotten Silver" s'inscrit dans la même veine, à mi-chemin entre satire amusée et hommage poignant. En 1999, également , le vrai-faux documentaire "Le Projet Blair Witch" (Daniel Myrick et Eduardo Sanchez) "restitue" la fin cauchemardesque de trois jeunes étudiants en cinéma partis enquêter sur un mythe maléfique, à travers des 'rushes' que la police auraient retrouvé dans la forêt.

Au moyen d'un canular méthodiquement travaillé, le réalisateur néo-zélandais en profite pour rendre hommage au cinéma des origines. C'est ainsi que le "Salomé" que Colin McKenzie est censé avoir tourné évoque les oeuvres mégalomanes de D.W. Griffith et d'Erich Von Stroheim, tandis que les pitreries à répétition du gagman malchanceux font songer au comique "slapstick" de Keaton et d'Arbuckle. Cinéphile perfectionniste, Peter Jackson a réalisé plusieurs séquences muettes qui figurent parmi les vraies fausses archives de Colin McKenzie...


d'après http://www.cplus.fr/html/cinema/en_salle/forgotten.html