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HISTOIRE
L'INTENTION Tout en cherchant, avec humour, à inscrire la Nouvelle Zélande dans l'histoire du cinéma mondial, "Forgotten Silver" veut aussi être considéré comme un canular. Peter Jackson séme délibérément son "documentaire" d'indices qui trahissent la supercherie: essais caméra réalisés dans la basse-cour, séquence de kung-fu sonore, anachronismes et gags attestant la bonne foi du cinéaste.
ELABORATION Le spectateur voit le cinéaste néo-zélandais mener ses recherches sur le terrain, recourir aux coupures de presse de l'époque, aux documents d'archives et aux témoignages de proches de Colin McKenzie pour accréditer son propos. Il va jusqu'à tourner les extraits de films muets que le génial cinéaste néo-zélandais est censé avoir réalisés. Peter Jackson s'amuse à glisser dans le film quelques notes d'humour décalé : personnages exagérément typés du producteur américain Rex Solomon, membres du parti communiste néo-zélandais, mafieux, fréres Palermo, mésaventures invraisemblables de Colin McKenzie.
ACTEURS Historien, critique de cinéma, Leonard Maltin signe de nombreuses éditoriaux dans plusieurs journaux et magazines comme "Variety" et anime une chronique chaque semaine à la télévision. Président du syndicat de la critique cinématographique de Los Angeles depuis 1995, il édite chaque année "Leonard Maltin's Movie and Video Guide" qui fait autorité auprès des professionnels. Harvey Weinstein fonde la société Miramax en 1979 et se spécialise dans la production indépendante de films d'auteur au sein de l'industrie américaine (Pulp Fiction 1994, Scream 1996 et Holy Smoke 1999). Réputé pour ses qualités de négociateur intraitable et de cinéphile invétéré, Harvey Weinstein apparaît pour la première fois dans un film, avec "Forgotten Silver", où ses propos étayent la thèse de Peter Jackson.
COLLABORATEURS Peter Jackson obtient la complicité de la principale chaîne de télévision néo-zélandaise TV1, des Archives du Film de Nouvelle Zélande (NZFA) et de la New Zeland Film Commission. Lorsque la supercherie est révélée au grand public, plusieurs téléspectateurs s'offusquent que l'argent public ait été utilisé pour monter un canular et les manipuler.
OBSERVATIONS Depuis "Citizen Kane" d'Orson Welles, les cinéastes anglo-saxons utilisent réguliérement le documentaire pour accréditer une thèse ou un récit de pure invention. Fausse bobine d'actualités de "Citizen Kane" qui voit le magnat de la presse aux côtés de figures historiques, images d'archives pour "Zelig" de Woody Allen qui manipule les faits en entremêlant réalité et fiction. Woody Allen récidive avec "Accords et Désaccords" qui retrace la biographie imaginaire du guitariste de jazz Emmet Ray. "Forgotten Silver" s'inscrit dans la même veine, à mi-chemin entre satire amusée et hommage poignant. En 1999, également , le vrai-faux documentaire "Le Projet Blair Witch" (Daniel Myrick et Eduardo Sanchez) "restitue" la fin cauchemardesque de trois jeunes étudiants en cinéma partis enquêter sur un mythe maléfique, à travers des 'rushes' que la police auraient retrouvé dans la forêt. Au moyen d'un canular méthodiquement travaillé, le réalisateur néo-zélandais en profite pour rendre hommage au cinéma des origines. C'est ainsi que le "Salomé" que Colin McKenzie est censé avoir tourné évoque les oeuvres mégalomanes de D.W. Griffith et d'Erich Von Stroheim, tandis que les pitreries à répétition du gagman malchanceux font songer au comique "slapstick" de Keaton et d'Arbuckle. Cinéphile perfectionniste, Peter Jackson a réalisé plusieurs séquences muettes qui figurent parmi les vraies fausses archives de Colin McKenzie...
d'après http://www.cplus.fr/html/cinema/en_salle/forgotten.html |