Histoire des Techniques

 

14/06 22:00 cobravif01:» » Arts de l'acier en Orient...

 

.. une page fantastique d'un artisanat que l'industrie a du mal à rejoindre, et que les énarques... bob. J'arrête avec ceux-là. Je vais m'énerver. Mon fils passe un Bac Pro, et j'en suis très fier. Mais c'est vrai que les média nous font chier avec les futurs cols blancs. Ceux qui ne pourraient rien faire sans les types en bleus (de travail) et les types aux pieds boueux...

Ben je vous propose autre chose.

 

Les lames d'armes blanches et d'outils composites

 

Une étude portant sur deux types principaux : les sabres dits " de Damas ", et les sabres japonais de Samouraï, et leurs conséquences sur les outils de coupe modernes.

 

Depuis que, sans forcément le savoir, les forgerons qui travaillaient le fer ont réussi à fabriquer de l'acier, ils se sont heurtés à un dilemme classique : obtenir des lames résistantes aux chocs, donc élastiques, ou bien des lames dures qui conservent leur affûtage, mais qui sont cassantes.

Les aciers élastiques sont souples, mais faute de dureté se désaiguisent rapidement.

A tel point qu'en occident était née une escrime à base de coups de pointe, dans laquelle il n'est pas utile d'avoir des armes qui coupent.

Au moyen âge, les chevaliers mettaient en ¦uvre des épées fort lourdes qui servaient à faire tomber le chevalier empêtré dans son armure. Ensuite on le tuait d'un coup de pointe en passant par ce qu'on appelait les " défauts de la cuirasse ".

 

L'apparition de l'arme à feu conduisit à réduire l'armure à une simple cuirasse qui couvrait le torse.

Le contact des troupes de Bonaparte en Egypte et en Palestine avec les cavaliers arabes équipés d'armes courbes au tranchant acéré, mais qui restaient incassables, a apporté une évolution radicale dans l'escrime occidentale, en introduisant l'escrime à base de coups de taille, qui donna toute son efficacité à la charge de cavalerie.

En Orient, l'escrime de coupe (ou de taille) avait plusieurs siècles de redoutable efficacité.

Les chevaliers portugais qui avaient tenté de débarquer à Satsuma ou Nagasaki en firent l'amère expérience. Les guerriers japonais, couvert par des armures de coton renforcées de bambou laqué, étaient insensibles aux rares coups de taille qui les atteignaient. Les sabres japonais entaillaient les salades (casques) des Portugais jusqu'à atteindre le cerveau des occidentaux.

Les armes à feu elles-mêmes, trop lentes à recharger, connurent des mésaventures. Un Samouraï, trancha partiellement le canon d'une arquebuse forgée en Espagne à Vittoria avec un sabre forgé par la famille Masamune !

 

Les forgerons japonais avaient trouvé une solution qui consiste à forger des lames dont le tranchant est constitué d'acier qui durcit très fort à la trempe, pendant que le corps de la lame devient élastique comme du ressort lors de la même trempe.

Les forgerons des Indes qui conduisaient des recherches pour résoudre le même problème de double qualité des lames ont trouvé une autre solution qui consiste à mélanger intimement les deux types d'acier sur toute l'épaisseur de la lame. Le fil est donc un affleurement de fibres dures et de fibres élastiques. Le polissage de ces lames leur donne un peu l'aspect du bois, avec ses fibres et c'est ce qu'on appelle le damasquinage.

 

Le terme de damasquinage vient de la ville de Damas, parce que c'est là que les forgerons occidentaux ont découvert l'acier à deux composants lors de leurs déplacements en Orient pour les Croisades au cours desquelles ils ont suivi les armées du Pape et celles des Chevaliers teutoniques.

Mais c'est bien des Indes que les forgerons syriens avaient importé la technique qui faisait leur succès.

Ce principe des aciers à double qualité est toujours utilisé de nos jours, en particulier par la cémentation qui permet d'obtenir sur des aciers moins durs, donc moins cassants, des surfaces très durcies sur une très faible épaisseur. Le tranchant garde sa qualité coupante, mais en général, ces lames ne peuvent pas être affûtée si l'on ne re-cémente pas les lames après aiguisage.

 

Sans faire une thèse complète sur les lames de Damas ou celles du Japon -j'en serais bien incapable-, je me propose d'exposer les bases des principales méthodes japonaises et indiennes de fabrication des lames de couteaux, de hallebardes et de sabres.

Instruit sur le polissage de ces lames, qui est assez particulier, j'ai aussi nécessairement reçu une initiation - de la part d'un maître japonais - sur la fabrication des lames, depuis la réalisation des deux lingots jusqu'à la trempe, suivie du polissage.

En ce qui concerne la fabrication des lames indiennes, mes connaissances sont moins précises parce que l'essentiel m'a été donné par mon maître japonais qui procédait essentiellement par évocation des différences.

 

Lors de mes séjours au Proche Orient, et notamment en Syrie, j'ai acquis quelques lumières de la part de Syriens, eux-mêmes collectionneurs ou marchands, mais ils n'avaient que peu de connaissances précises sur les eaux de trempe (minéraux, température, phases de la lune etc.)

Seulement, dans l'histoire des techniques d'armurerie & coutellerie, celle des lames orientales est significative, parce qu'elle fait appel à des découvertes empiriques qui se rapprochent de la trempe aux matières organiques (urée, huiles, protéines), de la trempe aux matières minérales (huiles minérales, gazole), ou du procédé Bessemer d'oxygénation des fontes liquides. Les techniques de soudure par la forge, maintenant rarement appliquées, ont atteint dans ces traditions un niveau très élaboré.

L'histoire de l'arme de coupe longue japonaise aboutit au sabre courbe de fantassin avec son point culminant dans la perfection à la fin du XVIIIème siècle.

La qualité des armes arabes est telle, au XIXème siècle, que Bonaparte, de retour d'Orient, adopte ainsi que les généraux qui ont connu l'Orient avec lui, le sabre dit " à l'orientale " dont la forme s'inspire des armes qu'employaient les " Mameluks ".

 

C'est une série de contribution sur le sujet que je me propose de mettre en ligne, si Rocbo et les participants au forum le veulent bien.

Il y aura de la technique, mais aussi la poésie de l'histoire et des légendes orientales et extrême orientales comme me les ont racontées ceux qui ont bien voulu me transmettre ce que j'ai pu retenir de leur savoir.

 

cobravif01@infonie.fr